Ces dernières semaines, l’Ukraine fait parler d’elle avec la tentative de révolution qui a suivi la décision du président ukrainien, Viktor Ianoukovitch, de ne pas signer un « Accord d’association et de libre échange » avec l’U.E., autrement dit de rejeter l’arrimage de l’Ukraine au « camp mondialiste », par ailleurs soumis au chantage droit-de-l’hommiste, mais bien plutôt de se rapprocher de la Fédération de Russie qui propose un « Pacte eurasiatique ».

L’actuel Etat ukrainien est un Etat artificiel, dont le noyau est issu du découpage interne de l’empire russe par les gouvernements soviétiques, auquel ont été ajouté entre 1940 et 1945 des populations qui, bien que slaves, ont des histoires différentes : 1) des Russes orthodoxes d’une part, essentiellement dans la partie orientale, appelée Nouvelle Russie, territoires vides d’hommes jusqu’à ce que la tsarine Catherine II en lance le peuplement ; des Ukrainiens russisés et orthodoxes héritiers des hetmanats cosaques constituant la « Petite Russie » avec Kiev pour centre ; 2) des « Ruthènes » vivant dans la partie occidentale avec Lvov (Lemberg) pour ville principale, majoritairement rattachés à l’Eglise romaine et ayant vécu jusqu’en 1945 hors de l’empire russe, sous suzerainetés polonaise et austrohongroise. Globalement, les premiers regardent vers la Russie moscovite, les Ruthènes se tournent vers l’Ouest européen.

Mais depuis l’implosion de l’URSS et la déclaration d’indépendance de l’Ukraine en 1991, celle-ci, en tant qu’Etat charnière entre les deux parties de l’Europe, constitue un enjeu majeur de l’offensive que mène le mondialisme à direction états-unienne et sioniste pour étendre sa domination sur l’Europe et, si possible, sur la Russie. Cette dernière fait l’objet d’un encerclement méthodiquement mis en place depuis 1991, appliquant en cela la doctrine de Mackinder et Spykman selon laquelle, pour dominer le coeur du continent eurasiatique, le « heartland » – autrement dit l’Europe de l’est et la Russie -, il fallait contrôler le « Rimland » – la périphérie allant de l’Allemagne à l’Asie centrale en passant par les Balkans et le Proche-Orient.


En 2004, une première tentative mondialiste de contrôler l’Ukraine, connue sous le nom de « Révolution orange », a été conduite sous la férule principale de l’organisation Pora (« il est temps ») cornaquée par des officines telles que : l’Open Society Institute du spéculateur juif né en Hongrie, Georges Soros ; OTPOR et Canvas nourries de l’idéologie de résistance individuelle non violente de Gene Sharp et diffusée notamment par le Einstein Institute et le International Center on Nonviolent Conflict (ICNC) dirigé par Peter Akerman ; Freedom House, financée en grande partie sur les fonds publics américains, notamment l’USAID (United State Agency for International Development).

Cela recommence en 2013 alors que l’Ukraine, selon son tropisme naturel regarde vers la Russie moscovite en cours de redressement, sachant que la Russie est un empire aux facettes multiples qui connaît comme tel des périodes d’expansion et de repli ; le tsar n’était-il pas « empereur de toutes les Russies ». Si l’Ukraine rejoignait le pôle occidental, elle se trouverait aussitôt sous l’emprise de l’affairisme débridé et prédateur de la superclasse mondiale apatride, du satanisme moral et culturel piloté par les cercles mondialistes inspirés par les Illuminati.

L’Ukraine n’a rien à gagner d’un arrimage à une U.E. affaiblie, endettée, en voie de désindustrialisation et d’islamisation au travers de l’immigration extra-européenne. Elle deviendrait plus que jamais un terrain d’exploitation du mondialisme ultra libéral et la population ne verrait pas son niveau de vie s’améliorer significativement, hormis quelques hochets apportés par la mode du consumérisme clinquant, tandis que l’incitation à l’inversion et à la perversion des moeurs deviendrait de règle. La presse russe parle à juste titre « d’homosexualisation » de l’Ukraine.

Face à cela, nous avons la Russie post soviétique qui,revendiquant sa foi chrétienne orthodoxe, le respect de la tradition et de l’ordre universel, est actuellement le seul grand Etat d’Europe qui s’affirme contre le satanisme destructeur occidental. Certes, n’idéalisons en rien la Russie. Mais lorsque l’on parle de répression en Russie ou en Ukraine, il faut voir combien la répression s’abat, en France notamment, sur ceux qui combattent les lois de subversion comme la loi Taubira, celle qui s’abat sur les nationalistes, celle qui un peu plus chaque jour limite la liberté d’expression tant dans la presse que sur l’Internet.

Néanmoins, même si, comme l’écrivait le marquis de Custines au XIXème siècle, la Russie a toujours été une « puissance pauvre », elle doit, pour tenir un rôle de pôle attractif du redressement européen, rénover son industrie, moderniser ses infrastructures, sans pour autant singer les standards industriels occidentaux. Le peuple russe a montré par le passé un génie créatif en tous domaines et il n’y a aucune raison qu’il fasse défaut à l’avenir. Mais la Russie connaîtrait un puissant dynamisme si elle s’inspirait des principes de l’économie orientée, fondés sur la création monétaire par la seule banque centrale et l’initiative privée orientée et stimulée par de grands programmes d’État.

Si nous devons faire de la prospective, indépendamment des aléas contemporains, disons que l’actuel État ukrainien est vraisemblablement appelé à éclater, la création d’un État « ruthène » dans sa partie ouest étant justifiée, alors qu’il faudra aussi résoudre de nombreux problèmes territoriaux restés en suspens depuis 1918 et 1945, telle la question des minorités hongroises vivant hors de Hongrie et celle de la Transnistrie pour rester dans cette partie de l’Europe.

Tout cela pourra-t-il se faire au moindre coût ? Mais, au delà ce toute prévision, ce qui se joue aujourd’hui en Ukraine est en partie l’avenir de l’Europe en ce sens que nous avons en présence, d’un côté, les forces du mondialisme apatride, ennemies de la civilisation européenne, et de l’autre la Russie qui aujourd’hui, en dépit de ses faiblesses et défauts, incarne la civilisation.

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