Jacques Hogard, aujourd'hui à la tête de la société de sécurité Epée, publie un petit livre «l'Europe est morte à Pristina» (Hugo Doc) dans lequel il relate sa participation à la guerre du Kosovo en 1999. Il était alors colonel affecté à l'état-major du Commandement des opérations spéciales (COS). Avec le colonel Chéreau (aujourd'hui chez Areva), il va diriger le Groupement interarmées de forces spéciales (GFIS) Grakaniko, qui entrera en premier dans la province serbe.
L'ouvrage illustre le penchant pro-serbe d'une partie de l'armée française, qui a été souvent pointé du doigt durant les guerres de l'ex-Yougoslavie. Jacques Hogard ne met pas son drapeau dans sa poche : il est pour les Serbes, chrétiens et amis de longue de date de la France, et contre les Albanais, surtout ceux de l'UCK, généralement musulmans, aux pratiques mafieuses et trop proches, à ses yeux, des anglo-saxons. L'affaire mérite d'être discutée, mais ce qui retient notre attention c'est le récit qu'il fait de l'engagement des forces spéciales pour la protection des Serbes contre les Albanais, durant ce mois de juin 1999. L'affaire du monastère de Devic était déjà connue. Neuf religieuses vivaient sous la terreur des bandes armées hostiles et elles ont été longtemps protégées par l'armée française - c'était encore le cas en 2007 comme peut en témoigner l'auteur de ce blog (Secret-Défense) .
L'ouvrage illustre le penchant pro-serbe d'une partie de l'armée française, qui a été souvent pointé du doigt durant les guerres de l'ex-Yougoslavie. Jacques Hogard ne met pas son drapeau dans sa poche : il est pour les Serbes, chrétiens et amis de longue de date de la France, et contre les Albanais, surtout ceux de l'UCK, généralement musulmans, aux pratiques mafieuses et trop proches, à ses yeux, des anglo-saxons. L'affaire mérite d'être discutée, mais ce qui retient notre attention c'est le récit qu'il fait de l'engagement des forces spéciales pour la protection des Serbes contre les Albanais, durant ce mois de juin 1999. L'affaire du monastère de Devic était déjà connue. Neuf religieuses vivaient sous la terreur des bandes armées hostiles et elles ont été longtemps protégées par l'armée française - c'était encore le cas en 2007 comme peut en témoigner l'auteur de ce blog (Secret-Défense) .
Jacques Hogard raconte plusieurs épisodes dont celui du 17 juin : «Le soir, nous apprenons qu'une embuscade vient d'être déclenchée par l'UCK sur un convoi de civils serbes remontant du sud vers le nord - deux cents tracteurs emportant hommes, femmes et enfants- sur la route reliant Pec à Mitrovica à hauteur du lieu-dit Kotare. Je fais éffectuer une reconnaissance par un hélicoptère armé qui me rend compte de la position des éléments de l'UCK. Je lui demande alors de tirer quelques rafales de semonce afin de les contraindre à décrocher et cesser cette agression inqualifiable contre des civils désarmés. Quelques minutes plus tard, je suis à ma très grande surprise appelé par le général britannique Mason qui m'enjoint de faire cesser les tirs d'hélicoptère contre ses SAS ! Je réalise alors que les éléments de l'UCK (...) sont encadrés, au minimum accompagnés par mes "frères d'armes" des forces spéciales britanniques. Je préviens aussitôt mes interlocuteurs serbes. Avec mon aval, (les forces serbes) se chargent alors de nettoyer le terrain des éléments terroristes, les Britanniques se repliant précipitamment», à bord de leur Land-Rovers. «La colère du général Malcom Mason est grande. La mienne ne l'est pas moins».
Jacques Hogard livre d'autres anecdotes, comme l'échec d'une opération dans une villa de Mitrovica où des Serbes auraient été détenus et torturés par l'UCK. Si elle échoua, c'est pour avoir été «éventée, hélas probablement par un officier français suspect de parti-pris pour l'UCK». Ambiance à la popote...
Les choses auraient pu être pires et, selon nos informations (non confirmées par Jacques Hogard), les Français ne sont sans doute pas passés très loin d'incidents sérieux avec d'autres Français. Car, il n'y avait pas que des Britanniques avec l'UCK durant ce printemps 1999. Il y avait également des Français de la DGSE, au moins deux équipes. L'une politico-diplomatique issue du Service Mission, l'autre, plus militaire, du Service Action. Le nom de ces personnels est sans doute encore couvert par le secret-défense, mais au moins trois d'entre eux ont quitté le Service depuis lors.
Le COS n'était pas alors complètement au courant des activités des envoyés de la DGSE. Et le comportement, jugé pro-serbe et anti-UCK, du GFIS a été diversement apprécié au sein de la DGSE, où l'on accusa les hommes du COS de s'afficher avec des croix orthodoxes sur leurs véhicules. Le ministère de la Défense n'apprécia guère plus... Au sein de l'Otan, la France était en effet engagée militairement contre la Serbie et collaborait, sur le terrain, avec l'UCK, au moins depuis le début de l'offensive aéreinne.
Comme l'écrit Jacques Hogard, «tout ceci nous dépasse et nous écrase». Jacques Hogard quittera l'armée l'année suivante. «Une retraite anticipée», reconnait-il dans son petit livre.
Vu sur le site très républicain : Secret Défense