Pour la première fois, deux citoyens français viennent de se voir
reconnaître la qualité de « Mort en déportation » du fait de l’occupant
japonais en Indochine française. Il s’agit d’Agnès-Albert Aly, décédé le
12 septembre 1945 à Hanoï et d’Onésime-Faustin Vernes, décédé le
10 avril 1945 à Tuyên Quang. Un arrêté de l’Office national des anciens
combattants (Onac) du 8 janvier, paru au JO du 7 février, précise que la
mention « Mort en déportation » sera apposée sur les actes et jugements
déclaratifs de décès, comme le prévoit la loi de 1985.
François Cartigny, défenseur de ces oubliés de la déportation, estime
qu’ « environ 3 000 Français sont morts dans les camps japonais » et
pourraient donc, à ce titre se voir reconnaître la mention « Mort en
déportation » à la suite des deux premiers pour lesquels il s’est
mobilisé. « C’était en majorité des militaires, peut-être 2500, dont
beaucoup appartenaient à des régiments coloniaux ». C’est pourquoi les
deux premiers reconnus sont des Martiniquais. Ils seraient au total une
trentaine d’Antillais, certains ayant été décapités au sabre. « On
estime à environ 500 civils, des fonctionnaires, des commerçants, des
planteurs, qui trouvèrent la mort dans les "camps de la mort" japonais »
poursuit François Cartigny.
À ce jour, environ 75 000 personnes se sont vues attribuer la mention
« mort en déportation », uniquement dans les camps allemands.
L’affaire des « morts en déportation » dans les camps japonais
renvoie à un épisode peu connu du grand public. L’Indochine française
(Vietnam, Laos, Cambodge) est restée administrée par les autorités de
Vichy, jusqu’en mars 1945, bien après la Libération de la métropole
durant l’été 1944. Le 9 mars 1945, l’armée japonaise, déjà sur place
dans le cadre d’un accord avec Vichy, a pris le pouvoir par un coup de
force, en s’en prenant aux Français sur place.
Source : Secret Défense (site d'information du monde militaire)